Conférences
La Chaire contribue à l'organisation de différentes conférences. Elles peuvent s'adresser tant au grand public qu'à des initiés.
Conférences en 2025
Les évolutions de l’ultra-droite groupusculaire canadienne depuis 2000 : entre dédiabolisation et éclatement
Aurélie Campana, professeure au département de science politique et doyenne de la Faculté des sciences sociales
Stéphane Leman-Langlois, professeur titulaire à l’école de travail social et de criminologie et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en surveillance et construction sociale du risque.
Qu’est-ce que l’ultra-droite ? Quels groupes et individus composent cette mouvance ? Comment influencent-ils les débats publics et les dynamiques politiques ? Cette présentation, basée sur l’ouvrage récemment publié The Great Right North : Inside Far-right Activism in Canada (McGill-Queen’s UP, 2024), reviendra d’abord sur la genèse de la recherche et les défis rencontrés, tant dans l’appréhension de phénomènes extrêmement divers et en constant renouvellement, que lors des enquêtes de terrain menées au Québec, en Ontario, en Alberta et en Colombie-Britannique. Elle s’arrêtera ensuite sur les enjeux définitionnels qui entoure la notion « d’ultra-droite », puis analysera les instabilités qui la caractérisent depuis le début des années 2010, l’influence du contexte international sur les dynamiques locales et les stratégies déployées par ses acteurs pour créer et alimenter des « chocs moraux » sur des thématiques comme le rôle et le poids de l’État, l’immigration ou encore le multiculturalisme. Elle abordera enfin les processus d’engagement et de désengagement des individus qui gravitent au sein de cette mouvance aux contours changeants.
Le Programme de contestation judiciaire : Un puissant moteur de changement constitutionnel au Canada
Emmanuelle Richez,professeure associée au département de science politique à l’Université de Windsor.
En 1982, le Canada a enchâssé la Charte canadienne des droits et libertés dans sa Constitution, déclenchant une révolution dans la défense des droits individuels et collectifs. Le Programme de contestation judiciaire (PCJ), initialement créé en réponse aux lois linguistiques du Québec, a joué un rôle clé dans cette révolution. Finalement indépendant mais profitant aussi d'un financement gouvernemental, le PCJ a connu une histoire mouvementée en fonction des partis au pouvoir à Ottawa. Il a soutenu des centaines de litiges liés aux droits linguistiques et aux droits de la personne, contribuant à l’évolution du cadre constitutionnel canadien. La présentation visera à évaluer son impact au fil des décennies.
La pauvreté au Québec : représentations sociales, médiatiques et politiques
Normand Landry, professeur au département de Sciences humaines, Lettres et Communication de la TÉLUQ
Au Québec, plus de 686 000 personnes n’arrivent pas à couvrir leurs besoins de base (Statistique Canada, 2024). Une personne sur dix a recours aux services d’une banque alimentaire (BAQ, 2024) et une personne sur cinq vit dans un logement non abordable, de taille ou de qualité non convenable (ISQ, 2023). La condition sociale est un motif décisif de discrimination et les personnes et groupes sociaux en situation de pauvreté font l’objet de représentations durablement négatives (Noreau et al., 2016; Landry et al., 2022). Pourtant, les travaux qui s’intéressent à ces représentations sont lacunaires. Cette question est négligée à la fois dans les travaux universitaires et dans l’espace public québécois.
Cette communication présentera des conclusions tirées deux études sur les représentations de la pauvreté véhiculées par des médias d’information, les responsables politiques, l’opinion publique, les organismes communautaires, et par des personnes en situation de pauvreté. Elle rendra compte de la construction sociale de la pauvreté en contexte québécois. Ce faisant, elle établira les caractéristiques et les traits attribués aux personnes en situation de pauvreté par les différents acteurs, et elle rendra compte avec précision de l’importance accordée par ces acteurs à la question de la pauvreté. Elle exposera également les attitudes prépondérantes à l’égard d’actions publiques de remédiation ou d’atténuation de la pauvreté.
Conférences en 2024
Quelle démocratie? Entre indices d'experts et perception populaire, quelle relation?
Claire Durand, professeure au département de sociologie de l’Université de Montréal et spécialiste de la méthodologie des sondages.
Cette recherche interroge la validité des indices de démocratie proposés par des sources comme Freedom House, Polity IV, V_DEM, The Economist EIU index, et IDEA Global State of Democracy, souvent critiqués pour leur biais pro-occidental. L'étude emploie les données de 17 projets internationaux comprenant 2,5 millions de répondants de plus de 150 pays interrogés de 1995 à 2021 sur leur satisfaction, leur évaluation et leur appui à la démocratie. En analysant les relations entre la perception des citoyens et les indices experts, la recherche questionne la conceptualisation et la mesure de la démocratie.
Keep your Enemies Closer: Strategic Platform Adjustments during U.S. and French elections
Caroline Le Pennec, professeure adjointe en économie appliquée à HEC Montréal.
La conférence porte sur un article visant à vérifier empiriquement le modèle de l’électeur médian, qui veut que, si les candidats sont pleinement stratégiques, ils adaptent leur programme pour s'approcher de leur adversaire jusqu'à converger vers l'électeur médian. Dans cet article, elle montre que les candidats ajustent leur discours à leurs concurrents et qu'ils convergent les uns vers les autres, à la fois dans leur ton idéologique et leur complexité rhétorique.
La communication d'informations factuelles sur les niveaux d'accueil des migrants affecte-t-elle les préférences politiques et les perceptions sociales des migrants ?
Colin Scott, professeur adjoint affilié au département de sciences politiques de l'Université Concordia
La conférence porte sur les cibles fédérales en matière d'immigration. Celles-ci font l'objet d'une grande attention de la part des médias et sont vivement débattues alors que des questions émergent sur la capacité du Canada à accueillir et à intégrer un nombre croissant d'immigrés, de réfugiés et de demandeurs d'asile. Dans quelle mesure les perceptions des Canadiens sur le nombre d’immigrants admis au Canada sont-elles exactes, quel effet les perceptions erronées ont-elles sur les préférences politiques, et est-ce que l'information corrective peut changer l'opinion publique et réduire les perceptions négatives des immigrants ? Pour commencer à répondre à ces questions, cette étude s'appuie sur les données d'un sondage expérimentale menée auprès d'un échantillon national de Canadiens (N = 1 600) en août 2023.
Deserving Debtors? The determinants of support for student loan debt cancelation in the United States
Alexander Ross, stagiaire postdoctoral au département de science politique de l’Université Laval.
Les démocrates sont-ils plus disposés à accepter la défaite électorale?
André Blais, professeur émérite au département de science politique de l’Université de Montréal, titulaire de la Chaire de recherche de l'Université de Montréal en études électorales et chercheur principal de l’Étude sur l’Élection Canadienne.
Alors que les théories postulent que les individus ayant des attitudes pro-démocratiques acceptent mieux les pertes électorales, cette contribution teste cette hypothèse en analysant la relation empirique entre le soutien aux principes démocratiques, tels que le suffrage universel, et le consentement électoral à des résultats électoraux hypothétiques mais plausibles, générés de manière aléatoire. En utilisant les données d'un échantillon représentatif d'Allemands, cette contribution une relation négative entre les deux facteurs. En outre, les personnes ayant les convictions démocratiques les plus fortes sont celles qui sont le plus influencées dans leur consentement par des préférences partisanes. Les chercheurs constatent donc que l'esprit partisan l'emporte sur le principe démocratique du consentement des perdants.
La restauration de la confiance politique : une quête impossible ?
Léna Geron, doctorante au Centre de droit public de l'Université de Liège
Conférences en 2023
Comment la numérisation croissante influence-t-elle l'accès au droit ?
Julia Dahlvik, professeure à l'université des sciences appliquées de Vienne, membre du Comité de recherche sur la sociologie du droit de l'Association internationale de sociologie.
Elle porte sur une étude de cas qualitative multilocale s’intéressant d'une part aux institutions publiques de médiation qui contrôlent l'administration et sont essentiellement chargées de garantir l'accès à la justice ; d'autre part, elle s'intéresse à la perspective des citoyens qui s'adressent à ces institutions et à leurs expériences dans le contexte de la numérisation.
Solidarité sociale et immigration : Perceptions de l’engagement envers la communauté politique
Allison Harell, professeure au Département de science politique à l’UQAM, co-directrice du Consortium de la démocratie électorale (C-Dem), directrice adjointe du Centre pour l’étude de la citoyenneté démocratique (CECD).
La conférence s’intéresse à la perception du mérite des immigrants d’accéder aux programmes sociaux. Se basant sur un sondage comparatif mené dans sept pays en Amérique du nord et en Europe, Pr. Harell explore la nature des attitudes envers les personnes immigrantes, son intersection avec les considérations d’origine ethnique, et leur liens avec la soutien de la solidarité sociale. En particulier, elle explore l’importance des biais dans la perception de l’engagement envers la communauté politique et son pouvoir à expliquer l’écart de mérite (deservingnes gap).
La polarisation affective basée sur les enjeux
Éric Bélanger, professeur titulaire au département de science politique de l’Université McGill.
Dans cette conférence, Pr. Bélanger introduira le concept de la polarisation affective basée sur les enjeux en l’appliquant aux cas de groupes ayant des opinions divergentes sur deux enjeux, à savoir la COVID-19 et les changements climatiques. Des données canadiennes montrent un fort taux de polarisation affective sur ces enjeux, bien que la polarisation entre les élites politiques soit relativement faible. Pr. Bélanger présentera ensuite un examen des causes de cette polarisation affective.